jeudi 27 octobre 2011

Turning Irish (2/3)

Samedi: Après une nuit à l'hôtel écourtée par nos commérages entre filles, nous nous levons pour être au petit-déjeuner à 8h30. Sur le buffet, deux choix de petit-déjeuner:
1) Le classique céréales-tartines-thé.
2) Un English breakfast typique: toasts, omelette, champignons, beans (haricots blancs adorés des Anglais) dégoulinants de sauce, jambon, etc. Sachant qu'il est 8h30 et que nous sommes en Irlande, ce repas Anglais normalement pris entre 11h et midi me laisse perplexe. Quelques courageux s'y attaquent tout de même, au prétexte que "on est à l'étranger, il faut tester toutes les spécialités, c'est ça le dépaysement!". Le souk à Marseille ça m'a dépaysée aussi, c'est pas pour autant que je me suis crue en Algérie... Bref.

A 9h30, un poil en retard sur notre planning (un des courageux sus-cités se serait-il retrouvé dans l'incapacité de se lever après un petit déjeuner aussi léger? Mystère.) nous reprenons le bus en direction cette fois de l'île de Valentia. Nous regardons un documentaire au Skellig Experience Center, expliquant comment des moines transportés par le pouvoir de la foi ont escaladé et se sont installés (confortablement, j'en suis sûre, il y a pas tant de vent que ça en Irlande) au sommet de ce truc:

500 marches à escalader, ça va, c'est tranquille.

Une boutique-souvenir et une expo plus tard, nous nous rendons à notre prochaine étape, un peu de sight-seeing. Malheureusement, la météo n'est pas franchement la même que la veille et on y voit pas à 20m, nous devons donc faire marcher notre imagination quand aux superbes paysages dont nous sommes censés profiter.

Une vue imprenable se cache dans cette photo,
saurez-vous la retrouver?

Notre halte à la plage est nettement plus amusante, puisque c'est l'occasion de se faire des chapeaux avec les algues, de sympathiser avec les chiens errants et de dessiner dans le sable.


L'après-midi à l'hôtel est libre et nous avons à notre disposition table de ping-pong et jeux de carte et de société, en plus d'un match de football gaélique qui se joue au stade municipal. A la télévision dans notre chambre, je tombe par hasard sur la fin du quart de final de la Coupe du Monde de rugby: Irlande-Pays de Galles. Bien que je vive au Pays de Galles depuis moins de deux mois, le sentiment commun à tout supporter fidèle qui voit son équipe laminer l'adversaire lors d'un match décisif s'empare alors de moi, et j'enfile aussitôt mon maillot rouge et blanc et mon bonnet à tête de dragon pour aller courir dans la rue en chantant "We are the champiooons, my frieeends!" avant de mourir étranglée par un autochtone (sûrement jaloux de mon bonnet). 

Non je rigole, je tiens à la vie. En vrai maintenant quand on me demande en Irlande où j'habite, je dis "Russia!". On me regarde alors avec un mélange de pitié et de sympathie, parce que battus 62 à 12, ils sont nuls les Russes, mais on les aime bien quand même. Et au Pays de Galles je fais pareil, mais avec l'Irlande (sauf que ça marche un peu moins bien: mon accent me trahit rapidement et là j'ai plus qu'à courir ou a insinuer que je pensais bientôt me faire naturaliser et que "je vais changer de portable, celui-çi n'est même pas disponible en gallois!").

"Ça prend un peu plus de temps le matin, mais au moins
personne ne s'est rendu encore compte que j'étais française!"

En fin d'après-midi, une intervenante vient nous apprendre quelques chansons classiques irlandaises: Whiskey in the Jar, Galway Girl, Tell me Ma... L'activité devient évidemment nettement plus folklorique lorsqu'elle tente de nous faire chanter quelque chose en gaélique, mais bon, c'est l'intention qui compte! 

S'en suit un quiz par équipe très amusant, ponctué de petits défis avec des prix à gagner. Un sursaut de réactivité assez inhabituel (plus la coopération de Claudio et de la mode qui interdit à tout jeune "cool" d'attacher ses lacets) me permet de gagner le premier défi, à savoir la première fille à se présenter au centre de la salle avec des chaussures d'homme aux pieds. Le prix à gagner? J'ose à peine le poster sur ce blog... 

dimanche 23 octobre 2011

Turning Irish (1/3)

Hé non, je ne suis pas encore morte congelée par le vent gallois, j'étais seulement bien occupée et frappée par un manque d'inspiration soudain. Mais il faut quand même, sous la pression de mon fan club, (constitué de deux membres: ma mère et mon père) que je raconte mon weekend irlandais!



J'ai donc été invitée il y a deux semaines par une amie de la fac à venir passer quelques jours à Cork où elle étudie jusqu'en décembre. C'était mes premiers vrais jours de vacance depuis que je suis arrivée ici, et aussi ma première occasion de sortir un peu puisque j'ai du me rendre à l'évidence: ici il n'y a pas d'autres au pair, ni d'étudiants... J'ai donc abandonné mes chevaux Barbie à la crinière rose et autres Duplos pour découvrir la Guinness et les tenues de soirée très classe des Irlandaises (j'y reviendrai). 

Au programme du weekend prolongé (programme officiel du "Ring of Kerry Heritage weekend" visible ici): 

Jeudi: après m'être levée à 5h du mat' pour mes 3h de train et 1h d'avion, j'arrive enfin à Cork en début d'après-midi. J'y suis chaleureusement (façon de parler, il devait faire environ 10°) accueillie par Juliette et ses colocs italiens, espagnol, française et norvégienne dont la moitié nous accompagnera pendant le voyage organisé. A grands renforts de Google Translate, Hector (Espagnol) et moi faisons pleurer Claudio (Italien) et Juliette au Pictionnary, après quoi, histoire d'oublier sa défaite, elle m'emmène voir l'UCC by night. C'est pas pour critiquer les locaux défraîchis de Carnot, mais ça change de Clermont une fac comme ça!

University College Cork

Le soir tout le monde se prépare pour sortir, et à 22h nous voilà lâchés dans le centre ville de Cork, au milieu d'un troupeau de mini-jupes et de talons de 12cm piaillant des "OH MY GOD! HIHIHI!" hystériques. Les Irlandais ont l'air de trouver ça normal. Réaction des mâles européens moins habitués à ça? "Niiice!" ... Sans commentaire. Nous parvenons à entrer dans ce qui a le look d'un pub mais semble en réalité être une boîte, où nous dansons tant bien que mal, serrés comme des sardines et surveillant nos manteaux et sacs du coin de l'oeil. 

Oui, parce que en Irlande (comme au Royaume-Uni), on ne connait pas le vestiaire, donc il y a deux solutions:

1) Tu as des gênes britanniques ou tu n'es pas frileuse? Félicitations! Tu peux adopter le look irlandais: jambes nues, mini-jupe, talons de 10cm minimum, décolleté plein à craquer, et surtout pas de manteau/gilet! Pas besoin de porte-monnaie non plus, tu peux glisser quelques billets pour l'entrée et un verre dans la ficelle de ton string: entre deux bourrelets ça tiendra nickel! De toutes façons comme tu carbures au whisky-coca depuis la sortie des cours à 18h tu n'as pas besoin de beaucoup d'argent (autre avantage: ça réchauffe). Si vraiment tu as peur d'avoir un peu froid, tu peux mettre des collants, mais ça serait dommage, tu risques de les filer quand tu te casseras la figure dans la rue en sortant de boîte. Et puis il reste encore la technique la plus appliquée les irlandaise et les manchots empereurs: se déplacer en groupe bien serré, en alternant régulièrement intérieur-extérieur.

2) Tu n'est pas britannique, ta maman t'a conseillé de bien mettre ton écharpe et ton bonnet avant de sortir dans le froid irlandais, et comme tu ne veux pas qu'elle s'inquiète de t'entendre renifler sur Skype, tu suis son conseil. Une fois dehors, tu es un peu étonnée par la tenue plutôt légère des clubbeuses locales, mais décide quand même de garder ton manteau. Tu ne te rends compte de ton erreur qu'une fois dans le bar/ la boîte en découvrant l'absence de vestiaire à l'entrée et te résigne donc à: a) cacher tant bien que mal ta grosse doudoune et ton sac dans un coin plutôt désert avant de passer la soirée à danser en jetant des coups d'oeil sans arrêt pour vérifier qu'il n'y aurait pas une Irlandaise un peu cleptomane (ça ne leur suffit pas d'être alcooliques!) à proximité. (solutions choisie par la plupart des non-britanniques tenant à conserver un minimum de pudeur.) b) fourrer toute tes épaisseurs de vêtements -qui seraient bien inutiles si tu étais vraiment adaptée- dans ton sac à main et danser tant bien que mal en tentant d'éviter de bousculer tous tes voisins. Bien sûr cette technique n'est applicable que si le sac en question est assez grand, sinon il ne te reste plus qu'à tout garder sur toi et mourir de chaud.



Sur le chemin du retour, nous sympathisons avec des Irlandais et nous retrouvons sans bien comprendre comment à crier "BUSTEEEER!" sur les gens qui passent tout seuls dans la rue. Mark m'avait bien prévenue qu'ils étaient fous à Cork...

Vendredi: départ en bus en début d'après-midi en direction de l'Anneau du Kerry avec un tas d'étudiants et une accompagnatrice apparemment motivée pour nous apprendre à parler gaélique couramment avant la fin du weekend, bien qu'une bonne partie d'entre nous soit tout juste capable de commander une Guinness en anglais. Notre première étape: Kerry Bog Village Museum, en gros, un village d'artisans traditionnels reconstitué. Il parait qu'on peut aussi y voir le plus petit poney d'Irlande, mais quand on est arrivés devant son pré, personne. (juste un panneau "don't feed the ponies as they may bite or kick". Ils ont le sens de l'hospitalité là-bas.)
Un ou deux stops de sightseeing et nous arrivons au Ring of Kerry Hotel à Cahersiveen, où nous passerons deux nuits.




Tout est prévu pour qu'on ne passe pas une minute à s'ennuyer, donc le dîner à peine avalé nous allons rencontrer un intervenant. (Apparemment c'était un agriculteur qui parlait de la vie en Irlande du sud. Partant du principe que je n'écouterais pas un bounhoume me raconter sa vie dans l'Allier, j'ai passé un bonne partie de l'heure à retenir un fou rire causé par l'échelle un peu ridicule de la carte du Kerry qu'on nous avait distribuée. Il faut dire qu'un phoque plus grand qu'un cheval, lui-même de la même taille qu'un bateau de pêche, c'est assez amusant quand on s'ennuie.) Une fois bien endormis par ce petit discours, on nous propose un cours de danse folklorique pour nous réveiller. Nous apprenons donc tant bien que mal les pas de base de la danse irlandaise, et ça donne ça:



A la fin de la soirée, nous sommes bien loin d'être coordonnés ou même agréables à regarder danser, mais nous nous sommes bien amusés et motivés pour sortir en boîte. Malheureusement, une fois arrivés devant l'unique nightclub de la petite ville, notre groupe de survivants constate avec dépit qu'il n'y a pas de musique et que c'est complètement vide. Ça doit être ça les vendredi soirs à Cahersiveen. Nous nous rabattons donc sur un pub où quelques clients jouent et chantent des chansons irlandaises. Ils nous font rapidement participer en tapant des mains ou en scandant des refrains et la soirée finit dans une ambiance très conviviale (même si pas un seul d'entre nous n'a une idée de ce qu'il vient de chanter!).

samedi 1 octobre 2011

Aïe.

Je ne sais pas comment j'ai fait pour me lever de mon lit ce matin. Mais en tous cas, vu les courbatures que je me suis payées toute la journée (et sûrement demain, ne rêvons pas), c'était un exploit.
Le cours d'essai de pole-dance, donc, tel que réclamé par mon fan club (je suis sérieuse, regardez comme ça se bat dans les commentaires!). Comme promis, je me suis découvert des muscles dont j'ignorais jusque là l'existence; après recherche, ils s'appellent deltoïde, long abducteur du pouce et deuxième radial. Et comme promis j'ai des bleus plein les jambes. A ma connaissance ils n'ont pas de nom scientifique, mais ils font mal aussi.

Avant d'aller au cours je m'étais un peu rencardée et avais cru comprendre que la tenue de rigueur dans cette situation était mini-short + débardeur court, donc j'ai passé une bonne partie de la semaine dernière à chercher un mini-short (j'ai une tête à avoir un short de sport moi? Même moulant? Surtout moulant?). Etant toujours bredouille hier en fin d'après-midi, j'ai fini par profiter d'un bon jour d'Isabelle (miracle!) pour lui demander de m'en prêter un et j'ai pu arriver au cours habillée comme une vraie pole-danseuse. C'est là que j'ai constaté que les cinq autres filles présentes étaient toutes en leggings... Un signe? Sûrement, parce que j'ai très vite constaté à quel point la peau nue ne glisse PAS sur une barre de métal. Alors pour grimper, c'est pratique, mais pour faire trois tours sans s'arrêter enroulée autour de la barre en question, un peu moins.

Et lorsqu'à la fin du cours la prof nous a fait essayer la pose dite du "crucifix", c'est là que j'ai compris la vraie différence entre le pole-dance et le strip-tease: rien à voir avec le fait d'enlever ses vêtements ou non, puisque dans les deux cas au départ on en a pas beaucoup. La vraie différence, c'est que la strip-teaseuse est une petite joueuse qui se contente de tourner autour de la barre en secouant beaucoup les cheveux et les fesses pour détourner l'attention, tandis que la pole-danseuse fait la même chose accrochée à la barre, à un ou deux mètres du sol.

Le crucifix, une bonne idée pour ramener des fidèles à l'église.

Un point rassurant: c'était un cours d'essai, donc avec seulement des débutantes toutes aussi pathétiques les unes que les autres. J'ai vite réalisé que la vraie difficulté n'était pas de réaliser correctement toutes ces figures, mais de le faire avec un minimum de grâce, d'aisance et de sex-appeal (donc à moins d'une représentation dans un zoo, sauter sur la barre en s'accrochant de tous ses membres comme un singe sur une branche est exclu).

Ma pose la plus réussie? Envoyer un baiser au miroir, couchée par terre. Au prochain cours, je le fais à genoux.